Si les personnes en situation d'illettrisme cachent leurs difficultés, si elles en ont honte c’est aussi parce que souvent les regards que nous portons sur elles se révèlent être encore trop stigmatisants....
Être illettré c’est ne pas disposer, après avoir été pourtant scolarisé, des compétences de base (lecture, écriture, calcul) suffisantes pour faire face de manière autonome à des situations courantes de la vie quotidienne : faire une liste de courses, lire une notice de médicament ou une consigne de sécurité, rédiger un chèque, utiliser un appareil, lire le carnet scolaire de son enfant, entrer dans la lecture d’un livre, retirer de l’argent à un distributeur automatique, faire un calcul simple, lire un trajet de métro ou de bus,…
On a beaucoup trop d’idées reçues sur les personnes en situation d’illettrisme, dans une société où la reconnaissance se fonde trop souvent sur la seule réussite scolaire et sans tenir compte des compétences acquises tout au long de la vie. Il ne faut pas stigmatiser ceux qui sont confrontés à cette situation, mais trouver le moyen de leur redonner confiance en s’appuyant sur les compétences qu’ils ont su constituer sans avoir recours à l’écrit, pour qu’ils osent prendre le risque de réapprendre.
Quelques exemples d’idées reçues :
Qui est concerné par l’illettrisme ?
Beaucoup d’idées reçues limitent ce phénomène aux classes d’âge les plus jeunes.
Or, l’illettrisme touche tous les domaines, tous les âges, tous les espaces de vie.
7 % de la population adulte âgée de 18 à 65 ans ayant été scolarisée en France est en situation d’illettrisme, soit 2 500 000 personnes en métropole.
Sur ces 2 500 000 personnes en situation d’illettrisme :
- La moitié a plus de 45 ans
Attention aux idées reçues qui limitent ce phénomène aux classes d’âge les plus jeunes alors que les difficultés augmentent avec l’âge.
- Plus de la moitié exerce une activité professionnelle.
La lutte contre l’illettrisme touche donc de très près le monde du travail, de l'entreprise.
- 71 % d’entre elles parlaient uniquement le français à la maison à l’âge de 5 ans.
Attention aux idées reçues qui assimilent illettrisme et immigration.
- La moitié des personnes concernées en situation d’illettrisme,vivent dans des zones rurales ou faiblement peuplées, ce qui signifie que la politique doit s’organiser sur tout le territoire.
- 10 % vivent dans les Zones Urbaines Sensibles (ZUS).
Pour en savoir plus sur les personnes concernées par l’illettrisme et disposer des chiffres officiels de l’INSEE, cliquez ici.
Quelles sont les causes de l’illettrisme ?
Beaucoup d’idées reçues font penser que l’illettrisme est dû à l’environnement (zones sensibles), au milieu social, au cadre familial, à la langue maternelle, etc.
Or, l’expérience des acteurs de terrain a permis de relever une multiplicité de causes qui souvent se combinent entre elles :
- Un passé scolaire douloureux, des situations de rupture, des difficultés familiales, professionnelles, sociales, des situations de travail où le recours à l’écrit n’est pas nécessaire.
- Un effritement des compétences de base lorsqu’elles ne sont pas utilisées, pratiquées, des problèmes de santé…
L’illettrisme est invisible mais ce n’est pas un phénomène marginal
Les personnes qui y sont confrontées font tout pour cacher leurs problèmes, contourner leurs difficultés et passer inaperçues.
L’illettrisme n’est pas le problème exclusif des quartiers urbains
Il est présent sur tous les territoires dans les zones rurales comme dans les villes.
L’illettrisme ne concerne pas que les exclus
Plus de la moitié des personnes concernées sont dans l’emploi.
L’illettrisme ne signifie pas incompétence, illettrisme ne signifie pas inintelligence
Des hommes et des femmes se sont constitués un capital de compétences sans avoir recours à l’écrit même si ce capital est très fragile.
L’illettrisme et l’immigration ne se confondent pas
La lutte contre l’illettrisme ne doit pas être confondue avec la politique linguistique en faveur des migrants.
Sans être nécessairement synonyme d'exclusion, l’illettrisme peut isoler et freiner l’insertion sociale, l’accès à l’emploi et la mobilité professionnelle de ceux qui y sont confrontés. Mais c’est une situation dont on peut sortir.
Des hommes et les femmes de tous les âges et qui vivent dans des contextes très différents y sont confrontés ; les situations de rupture (échec scolaire, travail, santé, famille…) peuvent contribuer à cet effritement des connaissances, mais des solutions appropriées pour remettre en route les processus d’apprentissage existent.